Ma dissertation doctorale “Pouvoir et Finance en Méditerranée” prend base sur des matériaux inexplorés ou peu connus des archives de Gênes et de Venise, ainsi que sur des chroniques et des manuscrits arabes. La thèse, soutenue en septembre 2007, explore la nature du pouvoir sultanien en fin de Moyen Age, avec le commerce à longue distance comme point d’observation. Le travail replace le sultanat mamelouk dans une sphère méditerranéenne, à travers la reconstruction des objectifs partagés avec ses partenaires commerciaux, les intérêts communs des élites marchandes musulmanes et chrétiennes et les synergies en matière politique, notamment avec Venise. Dans cet ouvrage (publié en 2009) j’ai entrepris une relecture de certaines thèses consolidées concernant le déclin social et économique des sociétés islamiques. Ce “déclin” du système mamelouk y est réinterprété à la lumière des mécanismes sous-jacent le financement de l’Etat militaire. En focalisant sur le rôle clé du commerce à longue distance –au lieu de la production agricole- j’ai dépassé l’image des sultans mamelouks comme des gouverneurs autocratiques, dévoués à matérialiser un projet de centralisation politique par le dépouillement des marchands étrangers. Au contraire, j’ai démontré que les sultans mamelouks, en particulier dès les années 1440, réussirent à définir une politique claire pour le commerce des épices, ainsi qu’à sécuriser l’investissement européen. A travers la Mer rouge et les ports égyptiens, les épices indiennes arrivaient dans les marchés européens. Les Vénitiens, les Catalans et les Génois étaient directement impliqués dans la mise en place de cette politique mamelouke, passée sous silence par une historiographie souvent biaisée par les courants idéologiques du vingtième siècle. Une recherche fructifère dans les archives de Venise - ainsi que la découverte des comptes du consulat de Damas sur une période de vingt ans - ont contribué à étayer ma révision de l’historiographie sur de nouvelles bases documentaires. Avec l’anthropologie économique en arrière-plan, la recherche a mis au jour le dénommé système des stocks: en isolant leur propre secteur du négoce des épices, les sultans mamelouks réussirent à maintenir des prix stables, libres des fluctuations indésirables provoquées par les marchés. La participation des sultans au commerce des épices leur permit d’encaisser un surplus le long des années, pour ainsi financer une armée professionnelle et consolider leur pouvoir. Ce faisant, l’œuvre conteste les hypothèses simplistes attribuant la crise économique à la “rapacité” et la centralité du pouvoir sultanien et à la méconnaissance, de la part des Musulmans, de l’économie de marché et des droits de propriété. Au contraire, j’ai reconstruit la crise sur le canevas des rapports de clientèle et de pouvoir entre les Italiens et les élites mameloukes, notamment les milieux des grands marchands et des secrétaires, sur la crise financière provoquée par les guildes de commerce européennes, et sur la rigidité des politiques économiques vénitiennes (comme les monopoles sous-jacent les convois de galées). A travers une reconstruction minutieuse, basée sur des sources européennes et arabes, j’ai illustré comment les investisseurs européens finirent par déstabiliser le système des stocks et par ruiner une longue entente bilatérale. Avec le soutien de Jean-Claude Garcin et de Giovanni Levi, le travail a été publié en 2009 par le Centre Espagnol de la Recherche Scientifique (CSIC). Un bon accueil des spécialistes commence à arriver dans des comptes rendus (voir docs. attachés) publiés par des journaux internationaux (Loiseau, J. (2011), Speculum 86, 3; 723-725 Fuess, A. (2010) Mediterranean Historical Review 25, 1: 93-96).

Pouvoir et finance en Méditerranée pré-moderne : Le deuxième état mamelouk et le commerce des épices (1389-1517)

APELLANIZ F
2009-01-01

Abstract

Ma dissertation doctorale “Pouvoir et Finance en Méditerranée” prend base sur des matériaux inexplorés ou peu connus des archives de Gênes et de Venise, ainsi que sur des chroniques et des manuscrits arabes. La thèse, soutenue en septembre 2007, explore la nature du pouvoir sultanien en fin de Moyen Age, avec le commerce à longue distance comme point d’observation. Le travail replace le sultanat mamelouk dans une sphère méditerranéenne, à travers la reconstruction des objectifs partagés avec ses partenaires commerciaux, les intérêts communs des élites marchandes musulmanes et chrétiennes et les synergies en matière politique, notamment avec Venise. Dans cet ouvrage (publié en 2009) j’ai entrepris une relecture de certaines thèses consolidées concernant le déclin social et économique des sociétés islamiques. Ce “déclin” du système mamelouk y est réinterprété à la lumière des mécanismes sous-jacent le financement de l’Etat militaire. En focalisant sur le rôle clé du commerce à longue distance –au lieu de la production agricole- j’ai dépassé l’image des sultans mamelouks comme des gouverneurs autocratiques, dévoués à matérialiser un projet de centralisation politique par le dépouillement des marchands étrangers. Au contraire, j’ai démontré que les sultans mamelouks, en particulier dès les années 1440, réussirent à définir une politique claire pour le commerce des épices, ainsi qu’à sécuriser l’investissement européen. A travers la Mer rouge et les ports égyptiens, les épices indiennes arrivaient dans les marchés européens. Les Vénitiens, les Catalans et les Génois étaient directement impliqués dans la mise en place de cette politique mamelouke, passée sous silence par une historiographie souvent biaisée par les courants idéologiques du vingtième siècle. Une recherche fructifère dans les archives de Venise - ainsi que la découverte des comptes du consulat de Damas sur une période de vingt ans - ont contribué à étayer ma révision de l’historiographie sur de nouvelles bases documentaires. Avec l’anthropologie économique en arrière-plan, la recherche a mis au jour le dénommé système des stocks: en isolant leur propre secteur du négoce des épices, les sultans mamelouks réussirent à maintenir des prix stables, libres des fluctuations indésirables provoquées par les marchés. La participation des sultans au commerce des épices leur permit d’encaisser un surplus le long des années, pour ainsi financer une armée professionnelle et consolider leur pouvoir. Ce faisant, l’œuvre conteste les hypothèses simplistes attribuant la crise économique à la “rapacité” et la centralité du pouvoir sultanien et à la méconnaissance, de la part des Musulmans, de l’économie de marché et des droits de propriété. Au contraire, j’ai reconstruit la crise sur le canevas des rapports de clientèle et de pouvoir entre les Italiens et les élites mameloukes, notamment les milieux des grands marchands et des secrétaires, sur la crise financière provoquée par les guildes de commerce européennes, et sur la rigidité des politiques économiques vénitiennes (comme les monopoles sous-jacent les convois de galées). A travers une reconstruction minutieuse, basée sur des sources européennes et arabes, j’ai illustré comment les investisseurs européens finirent par déstabiliser le système des stocks et par ruiner une longue entente bilatérale. Avec le soutien de Jean-Claude Garcin et de Giovanni Levi, le travail a été publié en 2009 par le Centre Espagnol de la Recherche Scientifique (CSIC). Un bon accueil des spécialistes commence à arriver dans des comptes rendus (voir docs. attachés) publiés par des journaux internationaux (Loiseau, J. (2011), Speculum 86, 3; 723-725 Fuess, A. (2010) Mediterranean Historical Review 25, 1: 93-96).
2009
978-84-00-08797-5
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